Kingdom Hearts Destiny

Annoncé en fanfare, ce premier album au piano a rapidement suscité un vif intérêt pour les fans. Au vu de la qualité des Piano Collections des Final Fantasy, nous avions toutes les raisons du monde d'attendre ardemment celui-ci. Néanmois, espérons que les probables prochains albums de la série seront un peu meilleurs, car le premier, non pas mauvais, s'avère cependant trop moyen pour la prestigieuse musique des illustres Kingdom Hearts. Explications.

Dearly Beloved : ouverture de chaque Kingdom Hearts, Dearly Beloved assure également ici la conclusion de l'album. Le morceau est joué simplement, tout en douceur, de manière apaisante. Nuancé, le morceau ouvre agréablement l'album, sans fioritures ni excès de zèle. En bref, une version sympathique.

Traverse Town : élégante, la mélodie de la Ville de Traverse possède un charme certain. Enjouée, paisible, rassurante, et même entraînante, le morceau possède un apparat plutôt réussi. Néanmois, la version originale s'avère davantage immersive et équilibrée, mais ne la surclasse pas pour autant.

Hand in Hand : si les deux premiers morceaux s'avéraient bien amenés, Hand in Hand est ici vraiment raté. Qu'arrive-t-il donc à la superbe mélodie, à l'air rythmé et enlevé proche de Traverse Town ? Pourquoi faut-il que le morceau soit joué si pesamment, sans la légereté propre à la composition originelle ? En ressort une mauvaise interprétation où le morceau est inutilement long, dont la mélodie est répétée beaucoup trop de fois. Un défaut qui va se faire sentir tout le reste de l'album...

Missing You ~ Namine : l'étonnant medley qui suit s'avère assez réussi, mais accuse un défaut opposé à celui de Hand in Hand : au lieu de répéter sa mélodie pesamment et sans réels arrangements, le morceau s'avère plutôt une transposition des compositions originales, enchaînées ici sans lien, constituant presque deux pièces différentes... Cependant, l'émotion reste présente et en fait une piste calme et relaxante.

La sonate qui constitue la deuxième partie de l'album n'en est pas vraiment une : les quatre mouvements se succèdent sans représenter une évolution globale quelconque ou comprendre un lien général significatif. Aussi peux-t-on traiter les morceaux séparément :

1st Movement : Sora - Allegro con brio : certainement la plus grosse bavure de l'album : sympathique une minute, le premier mouvement s'avère très vite agaçant, lassant et redondant, presque grotesque dans sa construction ; le défaut de Hand in Hand est ici on ne peux plus présent et gangrène le morceau, dont la mélodie est inutilement répétée et répétée... Malgré qu'il soit le héros, Sora n'a pas vraiment hérité d'une musique très soignée. Les notes sont jouées lourdemment, bruyamment, le pire restant l'inutile passage où une partie de la mélodie de Roxas est insérée comme ça, subitement et hors de propos dans son interprétation comme dans sa subite arrivée et son brutal achèvement.

2nd Movement : Kairi - Andante sostenuto : inattendues, la douceur et la justesse du second mouvement rattrappent péniblement le grotesque et la poussivité de la précédente piste. Touchant et serein, à l'image de Kairi, le morceau s'avère très bien arrangé malgré le fait qu'il utilise la même formule d'interprétation que le premier mouvement, la musique ne s'avérant guère lassante ou pesante, mais poignante et raffinée, tout en nuance.

3rd Movement : Riku - Scherzo e Intermezzo : nombreux sont celles et ceux qui apprécient la mélodie du charismatique adolescent. Le troisième mouvement succède au second en terme de qualité et de justesse d'interprétation, mais reste une valeur sûre. Le jeu déterminé, enflammé et presque sauvage du pianiste assure un court moment d'empathie envers un Riku déchiré entre la lumière et les ténèbres, et permet même d'oublier la bavure commise pour Sora. Un morceau plutôt réussi, parfois un peu trop bruyant sur ses notes, qui plaira sans doute à tous ceux et toutes celles appréciant déjà la version originale de la composition.

Finale : Working Together - Allegro vivace : achèvement coloré d'une deuxième partie diversifiée dans les émotions qu'elle présente, le mouvement final reste agréable, dans son arrangement assez travaillé, dispensant de toute lassitude ou de toute note jouée trop bruyamment ; en bref, le morceau s'écoute avec plaisir.

La troisième partie de l'album, davantage tournée vers les derniers opus de la série, s'avère certainement la plus équilibrée, mais ne reste malheureusement pas exempte de défauts :

The 13th Side : rétrospective musicale sur l'Organisation, le morceau accuse une originalité absente, sa mélodie ne surprenant pas vraiment tant celle-ci a été exploitée dans d'autres albums, mais reste agréable pour ceux qui apprécient la musique du groupuscule.

Roxas : semblable à Dearly Beloved dans sa construction, Roxas est ici joué avec simplicité et humilité, primant l'émotion et le souvenir, et s'avère en toute somme assez réussi, bien que le morceau ne nous donne pas non plus la chair de poule.

The Other Promise : développement logique de Roxas, The Other Promise propose ce que le précédent morceau ne faisait pas : une richesse mélodique supérieure et travaillée, une interprétation majestueuse et honorable, bref un ce que l'on espérait de tout l'album ! Nous ne passerons donc pas à côté de ce morceau magistral, certainement l'un des meilleurs du disque.

Concert Paraphrase on "Dearly Beloved" : conclure, Dearly Beloved en était capable, et cette paraphrase sur le morceau le prouve assez bien. Tout comme The Other Promise à Roxas, cette piste développe et enrichit son original, sans pour autant atteindre le niveau de l'oeuvre précédente, car elle s'avère moins solide dans son exploitation, assez longue et légèrement confuse. Cependant, le morceau reste honorable et conclut plutôt bien un album en demi-teinte. Mais que s'est-il passé ?

Conclusion

Ainsi, l'incompréhensible défaut de ce Piano Collections est qu'il comporte d'une part des morceaux incontestablements ratés, car lourds, répétitif et pompeux, et de l'autre de bons morceaux, simplement bons, et pas exceptionels comme on les attendait... Hormis The Other Promise, pièce maîtresse de l'album, le reste demeure sans grand intérêt. Contentons-nous donc des musiques originelles des jeux, plus honnètes et bien mieux réussies.